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Vie de Bureau : Fume, c’est du belge !

oct 11, 2010   //   by flash   //   Non classé, Portraits de Jean-Mi  //  No Comments

La vie de bureau, aussi politiquement correcte et habillée soit-elle, réserve parfois de savoureuses pépites. Comme bien souvent pour tromper l’ennui, l’éclair est venu d’un commercial, qui n’a pas hésité à perdre 10 minutes de son temps, pourtant précieux, pour nous en raconter une bien bonne. Et c’est d’une voie rongée par la mélancolie et l’excitation qu’il commença à nous compter son histoire d’utilité littéraire.

Son récit avait pour héros, enfin comme personnage principal, un ancien collègue à lui. Le brave monsieur en question était commercial. Il avait 40 ans. Il était célibataire. Ça vous situe le bonhomme. Aussi, comme tout bon commercial qui se respecte, l’homme entretenait de cordiales relations avec ses clients. Pour se faire, l’un de ses passe-temps préférés, avec Auto-Moto et la pêche à la mouche, était de les emmener au restaurant et de se descendre quelques godets d’une cervoise de bon aloi. Ce premier rafraichissement de gosier se faisait toujours avec toute la rigueur et la minutie nécessaire pour soigner une bonne relation client. Professionnel, il prenait sa mission très à cœur. Il lui arrivait ainsi souvent de prendre racines au restaurant- un troquet PMU avec Rapido et Pernault à 13 heures très certainement- et de passer des après-midi entière à picoler avec ses clients d’abord, puis avec d’autres compagnons de digestifs ensuite. Ses collègues de travail, des commerciaux aguerris aux joutes de la rincette en tout genre, ne tarissaient pas d’éloges sur leur collègue : tous lui reconnaissaient son courage devant la descente sans rappel et sa capacité, jamais démentie, à faire bonne figure devant tous les clients, aussi russes ou alcooliques soient-ils. Ceci étant, nombreux étant ceux ayant dû se résigner, pour des questions de santé ou de temps, à l’accompagner dans ces après-midi de beuveries épiques, où la mirabelle ne tardait jamais à répondre aux provocations d’une perfide quetsche. Pourtant, rares sont ceux qui rechignaient à ramener ce formidable combattant de la sobriété chez lui après une nouvelle journée de bataille. Car ce dernier, malgré des qualités physiologiques hors du commun, était en effet bien souvent incapable de rentrer chez lui, où femme et enfants ne lui réservaient pas toujours l’accueil qui lui était du. Vous imaginez bien avec 3 grammes, rouler c’est compliqué.

Or, en l’une de ces nombreuses fois où il se faisait ramener par un collègue, il ressentit une sévère pointe au niveau du système urinaire, et obligea son chauffeur à s’arrêter au bord de la route. Et tandis que notre ami aviné faisait prendre l’air et perdre un poids substantiel à son chibre, une voiture de police les croisa, et alertée par la situation, ne put s’empêcher de s’arrêter. Sortit alors du fourgon une gendarmette, qui, au vu de son apparente jeunesse, venait tout juste de prendre ses fonctions. Alors qu’elle commençait à baragouiner les formalités d’usage  à base de papier et d’immobilisation de véhicule au conducteur, notre ami, pourtant en pleine évacuation d’urgence, ne put s’empêcher de se retourner, tout en continuant ce qu’il était en train de faire. Son gourdin était désormais en pleine lumière, ce qui visiblement troubla la jeune gendarme qui n’avait pas dû voir beaucoup le loup. Constatant sa gêne, notre ami pris le temps de la réflexion pour établir un contact pérenne avec celle qui, encore toute rougie, lui faisait face. Il fallut attendre quelques secondes, le temps de la dernière goutte très certainement, et tel un cul sec de calva, il éructa en sa direction :

- Eh ! Oh ! Tiens, fume, c’est du Belge !

L’histoire s’en tint à cette métaphore avinée et poétique. Et ne comptez pas sur moi pour en dire plus…