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L’indispensable inutilité de Facebook (4) : Facebook, c’est le Cap d’Agde !

fév 7, 2012   //   by flash   //   Chroniques de la beauferie ordinaire, Facebook  //  No Comments

Facebook, c’est un peu comme un club naturiste. Au début, tu y vas pour choper, mais au final, tu finis en vulgaire voyeur, comme tout le monde. Mais au moins sur Facebook, pas besoin de payer pour t’exhiber. Et à l’instar du club naturiste, tu y retournes quand même. Parce que l’espoir fait vivre.

La Timeline, ou l’invention du voyeurisme chronologique

C’est LA dernière évolution en date, celle qu’il faut absolument avoir pour mettre en avant son profil virtuel. Et ses problèmes d’égo. Comme si une photo de profil ne suffisait pas, la Timeline permet désormais d’en afficher une deuxième, dont l’envahissant format n’est pas sans rappeler celui des posters qui ornent avec finesse toutes les chambres d’adolescent(e)s pré et post pubères.  Cette invitation à l’originalité est fièrement célébrée par l’affichage systématique d’une photo de voyage, ou pour les plus prolétaires, d’une photo trouvée sur internet. Cette dernière échappant rarement au triptyque beaufisant couchée de soleil, skyline de buildings (by night) et plages à sables blancs. En clair, la Timeline c’est le triomphe de la photo Ikea, savant mélange de poncif artistique suédois et de fond d’écran Windows.

Une ode à l'originalité.

Et n’est pas tout. La Timeline, comme son nom l’indique (fallait écouter ta prof d’anglais, numb nuts !), c’est l’apparition d’un mur tout neuf, tout propre, tout portugais. Ce mur met à disposition des voyeurs visitant le profil l’ensemble des statuts de la personne depuis son inscription à Facebook. Une avancée pour le droit à l’oubli donc. Mais également une formidable simplification pour évaluer le profil psychologique de la demoiselle à qui tu as arraché le « facebook » en boîte hier soir et qui vient d’accepter ta demande en ami. La Timeline, ce n’est rien de plus qu’un profil Meetic avec des tweets. Une carte d’identité dévoilant tes interactions sociales virtuelles et la faiblesse de ton orthographe. Du voyeurisme chronologique en sorte.

La mode « Et manu tu descends ! » de l’interpellation murale

L’interaction murale est une interaction sociale d’un genre nouveau qui consiste à prendre à partie un ami pour donner de la consistance à un statut, qui par définition, en manque singulièrement. Généralement philosophique, ces interpellations peuvent également être d’ordre amicale (« Aime l’humour de Daisy Diotie »), graveleuse ( « Je suis ton plus grand fan, Ella Valpa »), géographique ( « Au restaurant avec Jean Balle ») ou impérative (« Tu penseras à prendre du pain, Hugo Baguette ! » ). La mode du changement de nom n’aidant pas à la lisibilité du message. Quant à son intérêt,  on le cherche toujours.

L’insupportable altruiste des mélomanes (le syndrome wonderwall)

Non content d’être polluée par d’insoutenables photos de bambins de tes copines de CM2 qui ont arrêté tout développement intellectuel peu après, ta « newsfeed » est désormais régulièrement encombrée par un autre phénomène, tout aussi irritant : le partage musical aussi appelé le syndrome « wonder-wall ». Attention, je ne parle pas du partage youtube du dernier clip à la mode à la machine à café, je parle de cette stupide manie qu’ont les mélomanes de faire partager à tous les morceaux qu’ils sont en train d’écouter. Premier constat, le mélomane a le temps. Pour poster ce genre d’informations capitales de 9h à 18h sur son mur (des horaires de bureau, comme par hasard), il faut en avoir. Deuxième constat, le mélomane est altruiste. Non je déconne. Le mélomane a un tel complexe de supériorité qu’il se sent investi d’un devoir, celui d’instruire la masse en lui présentant les derniers tubes qu’il faut écouter pour pouvoir engager une conversation avec lui lors du prochain apéritif dinatoire que vous partagerez. Aussi, j’invite cordialement « l’ensemble des solistes constipés à se carrer tous leurs petits  violons dans le fion, et ce avant que quelqu’un ne vienne jouer du violon avec leur rondelle ».  En vous remerciant.

Typologie des usages, petit complément ( cf article précédent)

Le déserteur, dit « l’encéphalogramme plat ». Aussi actif sur son mur qu’un postier à son guichet. Pas de like, pas de post, pas de potes pour lui poster une ineptie sur son mur. Voulait pourtant échapper à sa condition pourrie en s’insrivant Facebook.  Malheureusement, son profil virtuel est à l’image de sa vraie vie, un échec.

Le vantard dit le « posteur corporate » . Ne poste que ses propres réalisations, qu’elles soient journalistiques, télévisuelles, futiles ou les 3. Son mur est donc une gigantesque plateforme publicitaire dédiée à son propre travail. Pratique généralement l’auto-like au cas où il oublierait combien il aime ce qu’il fait .

Le Likeur dit « l’admirateur compulsif« . Personne qui aime beaucoup de choses dans la vie, si l’on se réfère au nombre impressionnant de « like » lâché dans une journée.  Le likeur vous aimera dans toutes les situations : quand vous mangez une pomme, quand vous postez un bide, quand vous publiez une photo de machines à laver. S’il flattera votre ego, le likeur a tendance à s’attacher et il n’est pas rare de voir l’ensemble de votre mur « liké » par ce dernier. Si c’est un avion de chasse, réjouissez-vous, si c’est une connaissance masculine du collège qui conduit des bus scolaires, prévenez les services de police.

Le photomaton, dit « l’insatisfait permanent« . Le photomaton change sa photo de profil comme de pellicules, c’est-à-dire toutes les semaines. Lancé dans une incessante recherche de l’originalité et de mise en scène de sa propre vie, le photomaton n’a pas de patience. Il ne peut se contenter d’une simple photo d’identité. Sa vie est tellement passionnante qu’il ne peut s’empêcher de nous en faire profiter sous l’angle des Martine : Martine à la plage, Martine chez Darty, Martine chez le Coiffeur. Si seulement Martine savait cadrer.