L’école de commerce
Ah les écoles de commerce : l’excellence dans la diversité, l’intelligence au service des entreprises, les pensées de Smith, Locke (le philosphe, pas le chauve, ignare) et Hayek en filagramme d’un parcours dédié à la grandeur du marché. Ben voyons, et si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle…
Kro-merce équitable
Non, soyons sérieux quelques instants. Les écoles de commerce représentent, avec l’université, la honte du système éducatif français. Et encore, je ne suis pas sur qu’à ce niveau là, l’adjectif « éducatif » soit le plus adapté. En effet, la seule connaissance consolidée d’un élève sortant d’une école de commerce, c’est le taux d’alcool d’une bouteille de Ricard. J’exagère ? Pas du tout. Pour le commercial, l’apéro est un mode de vie, le jaune son ami, la cacahuète aussi. Alors autant dire qu’en matière de dosage, il s’y connait le bougre. 2 tiers (d’alcool), 1 tiers (pour le goût), pas plus que le bord, et hop direction la cuvette. « Un apéro presque parfait ? » Un concept inventé en 1983 dans une résidence, avec wifi, laverie et Figaro de L’ISC Nantes, dont le succès ne s’est jamais démenti depuis lors. « La biture express » ? Pareil. En clair, le commercial passe son temps à se murger, à se mettre des énormes valises que même Roger, pilier du bar PMU de Chalons en Champagne, n’oserait pas se mettre. Le vomi ne lui fait pas peur, au contraire, vomir, c’est repartir. Manger c’est tricher. Tu bois ou tu t’en vas. Bref, je vous laisse imaginer tout le lyrisme, véritable foisonnement de poésie moderne, émanant de ces soirées avinées.
Vous préférez pas un whisky d’abord ?
Alors, forcément, les comas éthyliques, ca laisse des traces. Et c’est là que le bas blesse. Parce qu’à part parler des stocks options de son père (oui, le commercial est souvent un fils à papa) et de critiquer le système crypto-marxiste français qui étrangle les entreprises à cause de taxes étatiques injustifiées (oui, le commercial est souvent un gros con de droite), le brave commercial ne s’intéresse à rien. La politique ? Inutile, on n’y gagne pas d’argent. La culture ? Inutile, on n’y gagne pas d’argent. Le sport ? Pourquoi pas, on y gagne plein d’argent. Car oui, ce n’est pas un cliché que d’affirmer, que le commercial ne fait des études uniquement que pour s’assurer un brave poste dans une brave entreprise et ainsi reprendre l’héritage familiale fait de Zafira (ou de BMW coupé en cas de commercial jackie, cela existe) et de bichons frisés. Et en dépit d’un niveau scolaire déplorable, d’une incapacité à exprimer une idée sans citer IS/LM, ben oui, le commercial arrive à truster les postes en entreprises. Enfin, représentant chez Darty, VRP chez Brico-Marché ou comptable chez Bouygues-Télécom, cela n’a jamais fait bander personne, sauf les commerciaux…
Vous avez dit peigne-culs ?
Le commercial est, pour la plupart, très tôt, un gros peigne-cul. A cet égard, l’école de commerce constitue une véritable pépinière de jeunes talents, où le peigne-cul peut évoluer en toute quiétude parmis ses semblables. Je suis désolé, mais si à 22 ans, tu portes des bretelles sous ton costard et des mocassins en cuir pour aller en amphi, alors oui, tu fais partie de la race des peignes-culs. Alors après, il est vrai que le commercial, ou la commerciale, aime à s’habiller fashion. Cela lui permet de se différencier des crasseux de la fac et de faire le kéké en boîte sur du David Guetta, le son préféré du commercial. Mi fashion, mi peigne-cul, ne cherchez pas plus le loin le succès des branches « Jules » et « Jennifer ».
La faute à qui ?
Les écoles de commerce en en-elles même sont déjà responsables. Déjà, la course aux classements, c’est complément débile : c’est un peu le revival du Top-But téléfoot ou, pire, celui du top 50 de Charly et Lulu. Vous me direz, à 10 000 euros l’année et des diplômes en houblons, ils peuvent bien s’inventer des classements pour se faire mousser (oui, oui, vous ne revez pas, c’est bien une métaphore filée). Et puis, à force de se prendre pour des écoles anglo-saxonnes avec des anglicismes à la Jane Birkin comme « school of management », « grad student school »« business mangement school », pas étonnant que les étudiants y deviennent aussi autiste que les ingénieurs après deux ans de maths spé. Sauf qu’un ingénieur n’arrivera jamais à vous vendre l’intégrale de la collection « Fais-moi peur » à coup de bon de réductions Carrefour. En clair, un ingénieur, au moins, il ferme sa gueule. Car ne l’oublions pas, le commercial à une propension, assez énervante, à l’ouvrir. Et constamment, en plus. La logorrhée des commerciaux est-elle innée ou instruite dans les écoles de commerce ? Voici bien une question qui reste en suspens…
Je dis tout cela d’autant plus facilement que j’intègre une école de commerce l’année prochaine…
5 Comments
Leave a comment to chauchaix
Catégories
- Chroniques de la beauferie ordinaire (8)
- Facebook (4)
- Humeurs de José (5)
- Les Humeurs (1)
- Non classé (2)
- Portraits de Jean-Mi (6)
- Tacles au genou (1)
- Vie de bureau (4)
Faut que tu t’entraines à faire des phrases avec lesquelles tu pourras éblouir l’auditoire de ta médiocrité angliciste. Je te conseille lors de ta première intervention « Manager l’implémentation d’un process industriel requiert un benchmarking efficient des business plan concurrentiels. Un advice : outsourcer le ! »… Je t’assure que ça a une vague signification et que tu pourras ainsi rentrer directement dans leur Rotary club de la branlette intellectuelle.
« On peut se timer un meeting à la DCOM si tu veux. On y parlera input et management de la diversité… »
d’accord en tous points mais pourquoi un PMU à Châlons en Champagne ? C’est gratuit ou longuement réfléchi ?
Fallait une ville évocatrice de la ruralité. Ai pas trouvé mieux sur le moment.
« business mangement school », M. Science Po Grenoble