Eden, le Golden

jan 28, 2010   //   by flash   //   Chroniques de la beauferie ordinaire, Humeurs de José  //  No Comments

La vie est faite de petits plaisirs que l’on a vite fait d’ignorer si tant est que l’on n’y prête pas égard. Bien heureusement, Facebook est advenu. Cette plateforme communautaire mais pourtant pas socialiste, savant mélange d’exhibitionnisme, de voyeurisme et de connerie humaine, regorge d’une multitude de petites histoires plus savoureuses les unes que les autres. Aujourd’hui, laissez-moi vous compter celle d’un petit être tout à fait charmant, « super compagnon, très sociable, gentil, affectueux et joueur ». Ce récit est celui d’Eden. Eden, le Golden.

Eden, symbole d’une pathologie lourde

Alors non, le récit d’Eden n’est pas celui un jeune haïtien que l’on vient de sortir des décombres. Eden, comme son nom de l’indique pas, est un chien. Oui, un chien, un cabot, un cleps, un canidé, un toutou, un molosse, bref, un quadripode décervelé à poils. Mais alors, me direz-vous, qu’est ce qu’il a de si spécial ce pauvre clébard ?

Sus au roux de corbeille !

Et bien, figurez-vous qu’Eden, du haut de ses 30 cm canin, possède une page Facebook. Alors devenir fan de sa chanteuse préférée, de faire des barbecues entre amis et du gel douche au monoï passe encore, mais créer une page en l’honneur et à la gloire de son partenaire canin, nous fait clairement passer au stade de la pathologie lourde. Du pervers borderline, assurément. Car, si l’on récapitule l’ensemble des étapes pour en arriver à devenir fan virtuel de son propre chien qui est en train de saloper, pour de vrai, son appartement, le constat devient vite accablant :

1) Avoir l’idée d’acheter un chien. Premier symptôme. Un chien, c’est un peu comme un beauf, mais en pire: ca pue, ca gueule et ca en fout partout.

2) Avoir l’idée d’acheter un chien quand on vit dans un 30 mètre carré. Remède à la solitude le toutou? Perso, je préfère être seul plutôt qu’avoir des poils dans mon lit, des crottes dans ma cuisine et être obligé d’ingurgiter des croquettes le soir, car je savais pas que ces putains de croquettes étaient si chères et que je n’ai plus d’argent pour m’acheter autre chose.

3) Créer un compte Facebook. Plutôt voyeurou plutôt exhib?

4) Créer une page en l’honneur de son chien. Alors là, c’est le passage à l’acte inexplicable, le geste insensé que personne ne comprend. Les meilleurs psy étudient en ce moment même la pathologie  (même l’hystérique névrosée ne va pas si loin).

5) Mettre des statuts à son chien. Bon là, c’est bon, on y est. Le fond du fond du panier. Même les mineurs de Sibérie ne creusent pas aussi profond. Le cerveau humain, cette si belle machine, est ici utilisé pour penser comme un chien. On appelle ca de la régression. Le cauchemar de Darwin, en sorte.

La vie d’Eden, une vie de chien

Alors, nous y voilà. Eden, le Golden exhibe désormais sa vie sur Facebook, photos et vidéos à l’appui. Et il a déjà 17 fans, le bougre. Pourtant de Golden, il n’en a que le nom. Car, en plus d’exhiber sa face canine par nature peu avantageuse, Eden a le don de nous écorcher la rétine avec une rousseur des plus horripilantes. Un chien roux, que Dieu nous garde.  Mais si l’on excepte ce détail de l’histoire, il a une vie drôlement excitante le Eden et ca, il prends un malin plaisir à nous le faire partager :

« Aujourd’hui, j’ai détruit mon premier os, et maintenant je dors » => habile, le fourbe

« J’adore faire pipi, bien marcher dedans, et aller coller mes pattes partout dans l’appart » => trop mignon, trop mignon !

« J’adore jouer avec les chaussettes de ma maîtresse ! » => tant que c’est que les chaussettes..

Encore un qui va finir à la SPA...

N’en jetez plus, la coupe, ou plutôt la corbeille, est pleine. Déjà Eden le Golden, c’est quoi ce nom ? Une nouvelle marque de pomme ? Une référence à un jardin biblique ? Un peu de dignité pour ce pauvre chien quand même. Non, je déconne, le chien est à l’homme ce que le temps passé dans la salle de bain est à la femme, du superflu. Et puis, faudra un jour définitivement arrêter de nous bourrer le mou avec cet adage, stupide, qui affirme que le chien est le meilleur ami de l’homme. Certes, les  hommes peuvent être des chiens, mais vous en connaissez beaucoup des canins qui enquillent des canons aux bars et qui discutent, 51 à la main, l’Equipe dans l’autre, de l’insoutenable légèreté de l’être (Kundera, inculte) ?

Donc, en attendant, je vais me contenter de la misère humaine comme compagnon. Enfin, il y a misère et misère. Misère de ceux qui créent un groupe virtuel à l’honneur de leur chien. Et misère de ceux qui n’ont rien d’autres à foutre que de se moquer des premiers. Mais personnellement, je vous conseille cette dernière, elle est bien plus douce et délectable.

 

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